TOP 10 des boulets de la drague

Il y a peu, lors d’une courte visite parisienne j’ai été m’approvisionner chez mon dealeur de café préféré : Starbucks. Lors de ma commande, je me fais alpaguer par le vendeur qui me propose de m’offrir une viennoiserie à la cannelle contre mon numéro de téléphone… J’avoue j’ai hésité, je serais prête à pas mal de truc pour un gâteau à l’œil. Du coup, je lui ai refilé un faux numéro de téléphone en prétextant que je ne l’avais pas sur moi (il était en silencieux dans mon sac !) et je m’en suis tirée pour une pâtisserie à l’œil et un boulet en moins.
 
En revanche, ce petit épisode amusant lors d’une journée plutôt stressante m’a inspirée cet article : le top 10 des pires façons dont je me suis fait aborder. Je les ai classées par ordre croissant d’originalité.
 
10 – « Hey mademoiselle ! Hey mademoiselle ! Vous êtes bien charmante » : Notons ici la banalité des phrases qui doivent être débitées si souvent par l’interlocuteur qu’il n’y croit plus lui-même. Interlocuteur qui s’est retrouvé bien surpris par mon « Certes mais toi non! Bonne journée ! » suivi d’un grand sourire. Il aurait pu rester classe mais il a eu la phrase typique « Pff ! Toute manière t’es même pas belle sale Co… ! » . Dans de tels cas, je laisse volontiers le dernier mot. Il serait vain de lui donner un cours de politesse ou de syntaxe.
 
9 – « Ça t’as pas fait trop mal ? De ? Lorsque tu es tombée du ciel ? Parce que jolie comme tu es, tu dois être un ange… » : OK celle-là elle est connue, de même que la phrase bidon numéro 8. Mais il est d’autant plus surprenant de l’entendre dire IRL (in real life, ‘dans la vrai vie’ pour paraphraser les jeunes que je ne suis plus).
Moi qui pensais que ce genre de phrases bidons n’était réservé qu’au sketch des humoristes. J’ai par ailleurs gagné un pari avec l’un des boulets capables de débiter de telles inepties (oui il y en a eu plusieurs, 4 pour être précise si on compte la 9 et la 8). Après la crise de fous rires que m’a valu cette phrase d’approche, je l’ai persuadé de l’essayer sur chacune des filles du bar. S’il revenait avec un seul numéro, je lui payais une cuite. Il est reparti seul et sobre, j’espère qu’il a compris.
 
8 – « Ton père est en prison depuis quand ? Pardon ? C’est surement lui qui a volé les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux ! » : Non mais sérieusement là, il faut arrêter. Va te pendre plutôt que de débiter des conneries pareilles!
 
7 – « J’ai une jolie voiture sur le parking, si tu veux je te fais visiter la banquette arrière. » : Que répondre ici… J’ai donc paraphrasé l’un de mes amis : « Et ma main dans ta gueule, ça fait carnaval ? ».
Il est important de préciser ici que l’abruti congénital (non parce qu’à ce niveau-là on est au-dessus du boulet il faut le dire !) qui m’a fait cette proposition tout sauf intéressante n’est autre qu’un vieux libidineux qui sert de patron au mari de ma cousine. Il m’a fait cette proposition le soir du mariage de celle-ci, alors qu’il était venu avec sa serveuse et non sa femme et ses gosses alors que mon père était présent. Il y a des moments dans la vie où lorsqu’on est comme moi une célibataire malheureuse de sa condition on apprécie de savoir qu’il vaut mieux être seule qu’avec ce genre de cas social. Ça fait du bien au moral.
 
6 – « Alors ça te fait quoi ? Pardon ? Que je t’ai choisi parmi les filles de ce bar ? » : La seule chose que j’ai trouvé à répondre c’est : « Que je n’ai vraiment pas de bol dans la vie ! Mais ça je le savais déjà ».
L’auteur de cette drague à deux balles n’était autre qu’un néandertalien blond accro aux stéroïdes, vêtu d’une chemise rose pâle ouverte au trois quart et d’un jean moulant garni d’une paire de chaussette à l’entrejambe. N’ayant pas compris la subtilité de ma réponse, il m’a répondu d’une répartie cinglante : « Hein ? ».
 
5 – « Si ma femme te voyait, elle comprendrait certainement que j’ai envie de la tromper ! » : En réponse à ça, je n’ai pu que m’exclamer : « J’avoue que je serais curieuse de rencontrer une femme capable d’épouser un boulet dans ton genre. ». Pas de répartei pour Jean-Rémi qui a sûrement préféré aller mettre des néons bleus sous sa 206 sport plutôt que de réfléchir deux secondes à la bêtise de ses propos autant que de ses actes.
 
4 – « Combien ? Hein ! Combien faut-il que je t’offre de verres avant que tu acceptes que je te raccompagne chez toi ? ». Celle-là m’a bien fait rire, il faut bien l’avouer… Lui à moins rigoler quand je lui ai répondu « A ton niveau, ce n’est pas en verres qu’il faut compter mais en bouteille… Et à te voir, il va en falloir beaucoup ! ».
Oui je sais, c’est méchant. Mais à force d’aimanter tous les boulets qui traînent dans les 40km à la ronde, je commence sincèrement à me dire que jamais au grand jamais je ne me ferais aborder de façon normale par un mec normal qui tient un discours normal… Par pitié, dans ma vie, je souhaite moins de boulets et plus de normalités… Suis-je trop exigeante ?
 
3 – « Tu as l’heure ? 19h37. Tu as du feu ? Tiens. On se connait, non ? Non. Mais si voyons tu es la femme qui réalise tous mes désirs. » : J’ai juste trouvé ça pathétique et si j’ai l’habitude de trouver une répartie cinglante histoire de remettre le boulet en place, pour le coup j’étais trop crevé pour le faire. J’ai répondu un petit « ou pas ! » et je suis partie aussi loin que possible.
 
2 – « Tiens prends cette fléchette ! Pardon ? Si tu refuses que je t’offre un rêve, plante la moi dans le cœur, ce sera moins douloureux que ton refus ! » : Celle-là je l’ai trouvé drôle, lui je l’ai trouvé mignon. Je l’ai donc laissé m’offrir un verre, on a eu deux ou trois rencards mais ça n’a pas accroché.
Phrase d’approche kitsch au possible certes, mais ses yeux vert, sa barbe blonde façon bûcheron mal rasé et les deux fossettes qui se sont dessinés sur son visage à la fin de sa phrase lorsqu’il a ajouté « OK ! Je sais, elle est pourrie mais j’ai rien trouvé d’autres pour venir te voir ! ». Honnêtement, je l’avais repéré dès que j’étais entrée dans le bar, un « Bonjour » aurait suffi.
 
1 – « J’ai un petit sexe mais beaucoup d’imagination ! Je peux te le prouver » : « OK ! Vas-y je regarde… » est la seule chose qui me soit venu à l’esprit. Il l’a mal pris. Je ne vois pas pourquoi puisqu’il tenait tant à le prouver. Il a dû croire que ça me ferait rire et que ce serait la diversion rêvée pour débuter une conversation. Problème, il me l’a susurré à l’oreille tandis que je lui tournais le dos et je ne supporte pas la familiarité avec les inconnus.

Et on fait quoi docteur?

Avoir sa thèse c'est bien... Avoir un avenir c'est mieux. Ainsi, au début de la rédaction du manuscrit de thèse, on commence à se chercher un avenir et à essayer de savoir ce que l'on veut faire.

En fait, une thèse mène à deux métiers principaux : (A) l'entreprise/la recherche privée ou (B) la recherche publique. Il y en a aussi qui ont décidé de faire autre chose et je salue leur courage de totalement changer de voie après presque 9 ans d'emmerdes (Fac + Thèse). J'ai ainsi un ami qui a décidé de suivre un an de formation pour apprendre à gérer un élevage de vaches à viande et je lui souhaite tout le courage et tout le bonheur du monde. Ce sera l'occasion d'envoyer mes futurs enfants hypothètiques en classe verte afin qu'ils ne voient pas les animaux qu'à la télé, en bons petits citadins qu'ils seront certainement.
Pour ma part, le choix fut vite fait sur ce point. Il était clair que je n'élèverai pas de vache. Je souhaitais continuer dans la recherche mais sans vraiment savoir si je voulais le faire dans le publique ou dans le privée. Chacun présentant des avantages et des inconvénients. Les deux me plaisaient et je n'avais pas vraiment réfléchi mon projet professionnel auparavant. J'ai donc décidé de répondre à la fois aux offres de post-doc et de CDI en entreprise et de choisir le premier qui m'accepterait.
 
Puis plus je réfléchissais, plus je me disais que ce que j'aimais vraiment c'était l'enseignement. Que c'était ce qui me faisait vibrer, ce pourquoi j'avais envie de me lever le matin et ce pourquoi je serais prête à encore quelques années de précarité. Puis ce qui m'a finalement décidé c'est la visite du labo de mes rêves. Un futur chef prévenant qui semblait ravi de m'acceuillir et qui me l'a montré lors de ces deux jours d'entretien.

Seule hombre au tableau : le labo vient de se monter et il faut donc trouver un financement. Pour trouver un financement de post-doc en bio, il n'y a pas 36 solutions. Les demandes les plus côtées sont : Marie Curie, EMBO et Human Frontier. Le truc c'est qu'il n'y a que deux campagnes par an : une en février et une en août. Le temps que je parte à Norwich pour visiter le labo et qu'on décide de faire quelque chose ensemble, nous devions postuler pour la campagne d'août.

Qui dit campagne d'août, dit réponse mi-décembre et dans le cas d'une réponse positive, début du post-doc en avril de l'année qui suit. Soit 8 mois d'attente puisque mon contrat de thèse finissait le 31 juillet. J'ai donc décidé de chercher un CDD de 6 à 9 mois pour permettre de combler ce vide et surtout de trouver une solution de repli en cas de réponse négative.

J'avais une option assez intéressante qui consistait à reprendre les cours que j'avais enseigné en école d'ingénieur, je me suis malheureusement fait couper l'herbe sous le pied de façon pas très orthodoxe qui m'a affreusement sorti de mes gonds et dont je ne souhaite pas vraiment parler (oui je sais que c'est exceptionnel!) vu à quel point cela m'énerve encore.

Toujours est-il que revencharde comme je suis, le jour où je me faisais couper l'herbe sous le pied, je trouvais deux annonces de CDD qui m'interressaient fortement. J'ai donc postulé.
La première était une société agro-alimentaire spécialisé dans la nutrition animale qui cherchait quelqu'un spécialisé en biologie moléculaire pour un remplacement de congés maternité. J'ai été convoquée en entretien, qui s'est bien passé malgré quelques bizarreries. L'entretien n'a par exemple duré que 35min alors que la plupart des entretiens que j'avais passé durait en moyenne 1h30. Et bien qu'ils m'aient assurée qu'ils avaient fortement apprécié l'entretien, ils ont décidé de prendre quelqu'un de plus expérimenté (ce terme m'agace profondément parce que (1) je ne vois pas comment être plus expérimenté qu'en ayant un doctorat et (2) comment acquérir  de l'expérience tout le monde prend quelqu'un de plus expérimenté!). Le poste ne me plaisait pas vraiment mais il avait l'avantage logistique d'être sur Toulouse et donc de m'éviter de déménager et d'être vraiment bien payé.
La seconde était un poste de chargé de mission scientifique pour l'association Vaincre la Mucoviscidose. Bref, après un second entretien jeudi dernier, j'ai appris que j'avais le poste. Certes c'est sur Paris, certes c'est payé au lance pierre (et sur Paris c'est encore pire) mais le job est vraiment intéressant et il y a du taff alors je sens que je vais m'éclater. Pour le moment, j'en suis à prévoir un plan d'attaque entre déménagement et recherche de logement, ça risque de prendre un peu de temps pour tout mettre en place mais je ne manquerai pas de vous narrer mes nouvelles péripéties parisiennes. Six mois, ça devrait me laisser le temps de visiter quelques musées, de faire deux ou trois rencontres (principalement des boulets) et de tester de bons restos...