Vivre à Paris ou la perspective quotidienne de rencontrer un boulet plus désespérant que le précédant

Enfer et damnation! J''habite Paris. Plus précisément, j'habite en banlieu parisienne, ce qui me laisse le temps de faire de fantastiques rencontres dans les transports en commun dans lesquels je passe au bas mots deux heures par jour.
Du boulet de transport en commun, il y en a de formes diverses et variées. Et encore, je ne suis pas persuadée d'avoir aperçu l'ensemble de la gamme du relou de RER. Voici cependant un petit bilan de ceux que j'ai pu rencontrer jusqu'ici (après 7 semaines de vie parisienne) :

L'impudique : c'est à dire celui qui raconte sa vie au téléphone bien fort alors que franchement tout le monde s'en fout. Le problème c'est qu'il parle tellement fort que pas le choix, vous écoutez, vous êtes happée dans une conversation dans laquelle vous n'avez rien à faire. Est-ce si difficile que ça d'attendre un moment un peu plus intime, ou de parler un peu moins fort ? Je ne vois pas trop l'intérêt de faire profiter tout le monde d'une rupture, d'un problème de carte bancaire, du vomi de son fils ou de pire encore.
  • Cette pauvre fille en pleurs un téléphone manifestement en train de se faire larguer par téléphone. Bon je vous l'accorde, je serais prête à lui filer un coup de main pour castrer l'abruti congénital capable de la larguer par téléphone après deux ans! Mais de là à devenir folle furieuse et de hurler « tu ne peux pas me quitter comme ça au téléphone, je t’interdis de raccrocher… Merde il a raccroché le con » puis de bêtement rappeller. T'as juste envie de lui mettre des baffes et de lui expliquer qu'un mec capable de te larguer au téléphone, faut pas sortir de l'ENA pour savoir qu'il vaut pas grand chose. Alors je te connais pas mais secoue toi grande gigue parce que même si là tu as juste l'air conne dans la rame de RER tu mérites certainement mieux!
  • La fille qui passe 20min avec sa mère à lui expliquer ses ennuis de cartes de crédit qui à l’autre bout du fil n’a pas l’air de comprendre un truc qui a pourtant l’air simple. A tel point que toi qui essaye gentiment de lire ton journal parce qu'il est 8h10, que tu viens à peine de boire ton café et que tu es loin d'être réveillé, tu as simplement envie de prendre le téléphone et d'expliquer toi même les problèmes de la fille en face de toi que tu connais depuis à peine 12 minutes pour enfin avoir le silence et la paix, ce qui te permettra de te réveiller un peu plus tranquillement.
  • La maman qui explique à dieu sait qui, quelqu'un de proche et de patient je suppose, que son fils a été malade toute la nuit. Je comprendrais qu'elle dise qu'elle a mal dormi parce que son fils était malade mais de là à préciser par le menu le nombre de fois où l'enfant a vomi, le nombre de fois où elle a dû le changer et autres détails nettement plus sales que je n'oserais écrire ici tellement c'est malvenu et ça de façon suffisament forte pour que l'ensemble de la rame puisse en profiter, je ne comprendrai jamais.
Le musicien : Oui oui, celui qui vous joue de la guitare, de l'accordéon, de l'armonica, vous chante une chanson... Je comprends la misère dans laquelle se trouve ces gens et je trouve tout à fait honorable qu'ils souhaitent être rémunérer contre une activité et mériter l'argent qu'il gagne. J'ai conscience de la difficulté dans laquelle ils peuvent se trouver et si j'en avais l'occasion, je serais ravie de leur venir en aide plus que je ne peux le faire actuellement. Mais je suis désolée, la plupart d'entre eux joue ou chante mal.
 
Le revendicateur : Celui qui cherche à vous vendre une idée par dessus tout. A chacun son combat me direz-vous mais tout combat n'est pas forcément bon à défendre et je n'ai pas forcément envie de l'entendre. Puis il y a des heures et des façons de défendre ses idées.
  • Le type qui ne doit pas avoir toute sa tête distribuant des cornets de frites froide à 8h30 du matin en hurlant "vive les frites belges".
  • L'autre qui hurle "l'apocalypse arrive préparez-vous à mourrir! Vous devez lire la bible." A qui vous avez uniquement envie de répondre : "de tout manière tu nous apprends rien, c'est pour le 21 décembre!"
  • Ou encore le dernier qui hurle "Le changement c'est maintenant, c'est pas dans dix ans, c'est pas dans 5 ans, c'est pas dans 5 min, c 'est maintenant! Ayraud démission... Et vous vous en pensez quoi madame?"... "Que j'ai pas du tout envie de parler avec vous et qu'il me faut un café!".
L'égoiste : celui qui ne pense qu'à lui et reste assis sur un strapotin dans une rame pleine, celui qui refuse de se pousser pour vous laisser passer, celui qui préfère offrir un siège à sa valise plutôt qu'à une femme enceinte au regard mauvais, celui qui n'a pas compris qu'on n'avait pas les mêmes goûts musicaux que lui et qui nous fait profiter de ladite musique puisqu'il n'a pas d'écouteur, celui qui ne vous laisse pas sortir de la rame par peur de ne pas pouvoir y entrer, celui qui vous détruit les deux côtes flottantes avec son sac à dos parce qu'il n'a pas la descence de le rabattre devant lui pour maîtriser ses gestes...
 
Le dragueur à deux balles : oui oui, les lieux communs de la drague ont aussi cours en région parisienne...
  • Je me suis fait draguer dans le bus. Le chauffeur à qui je demandais de m’indiquer l’arrêt à essayer de me vendre l’information en l’échangeant contre mon numéro de téléphone. Bien que flatter, je lui ai précisé que soit il me donnait l’information soit il aurait ma perte dans la banlieu parisienne sur la conscience.
  • Le mec qui s'assied en face de vous, vous sentez son regard sur vous alors que vous êtes plonger dans votre bouquin. Et tout d'un coup alors que vous pestez sur le fait de vous faire mater de manière aussi peu discrète : "Je peux vous demander votre prénom? "... "Non"... "Mais vous êtes tellement jolie que j'aimerais savoir sur qui je vais fantasmer ce soir"... "Beurk!"
  • Ou celui qui vous arrête sur le chemin du métro : "Excusez-moi, je peux vous poser une question ? " "Euh ça dépend la question..." "Où est-ce que vous avez acheté vos lentilles ?" "Pardon ?????" "Des yeux aussi beaux, c'est forcément pas naturel" "Vous êtes pathétique" est la seule chose que j'ai réussi à répondre!
Le perturbateur de réseau : il y a des sous-catégories chez ce type de boulets ...
    Le gréviste : Une grosse grève surprise de la SNCF qui a perturbé tout le trafic. Du coup un RER qui arrive avec 20 min de retard, qui passe 15 min à chaque station et un trajet qui dure deux heures au lieu de 40min.
 
    La femme enceinte : Le RER B bondé à cause d’une interruption de ligne vers 16h. La raison ? Une femme qui accouchait dans le RER. Je me demande sincèrement comment cela peut-être possible. En générale tu perds les eaux, tu dois te dire que tu ne dois pas avoir beaucoup de temps devant toi. Du coup, tu évites le RER. Alors questions :  1- comment tu peux accoucher d’un coup comme ça ? ou 2- pourquoi prendre le RER pour rejoindre l’hôpital afin d’accoucher ?
 
    Le désespéré : J'ai découvert le plaisir d'habiter sur la ligne B. A savoir que lundi soir au lieu de 40min, j'ai mis 2h30 pour rentrer là où j'habite en ce moment. Un suicide en début d'après-midi avait perturbé le traffic. Un second suicide (ce qu'il appelle à la RATP un "accident voyageur") 20min avant que je prenne le RER et alors que j'étais dans la rame et que le traffic commençait à reprendre son cours après 1h30 de patience... Arrêt en plein voie pour un troisième suicide. Si j'ai compris que les gens étaient plus sociable dans ces moments là, qu'ils commençaient à se parler et à être solidaire... En revanche, quand il s'agit de prendre le bus parce que le RER ne fonctionnera plus c'est chacun pour soi et tu n'as pas intérêt à être sur mon passage, s'il faut que je t'écrase, je le ferai... A l'égocentrisme, il n'y a que ça de vrai.

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