C'est compliqué d'être une fille quand un garçon nous plaît...

Il y a quelque jours je déjeunais dans un très bon resto thaï avec deux de mes nouvelles collègues fort sympathiques (oui, je dis ça parce que l'une des deux est ma chef et qu'elles ont toutes les deux l'adresse de ce blog! Oserais-je poindre une référence à l'art de la guerre qui ne fera rire qu'elles... private joke ça c'est fait...). Je ne vais pas vous raconter leurs vies, je ne me le permettrais pas, mais je vais juste vous donner un ou deux détails pour replacer le propos de cet article.
 
L'une des deux vient de rencontrer un garçon qui lui plaît beaucoup. Comme au début de toute relation, tout est en charme et séduction. Et comme au début de toute relation, c'est la prise de tête assurée à cause de la sur-interprétation de la moindre virgule non-prononcée ou moindre mot ajouté à un texto.
Sur-interprétation des messages envoyés, à savoir que chaque mot peut avoir un sens il faut donc 30 minutes de concentration intense et l'avis de trois copines (qui la plupart du temps ne sont pas d'accord) avant d'envoyer 6 mots au pauvre garçon qui se trouve de l'autre côté du téléphone et qui la plupart du temps ne réfléchira pas plus loin que ce qui est écrit. Alors que vous vous êtes forcée à choisir les bons mots pour être subtile et a bien employer un double sens auquel il ne réfléchira pas.
A la réception des 5 mots par lesquels il vous aura répondu se tiendra alors un vrai conciliabule donnant plus de 18 interprétations possibles à un lol qui ne voulait certainement rien dire d'autre que lol, c'est à dire une onomatopée utilisée tellement souvent qu'elle n'a guère de sens et sers uniquement à conclure une phrase. Viendra alors le moment de faire des statistiques pour savoir le nombre de fois dans les 37 derniers textos où il vous a dit ce fameux mot et où il était placé dans la phrase.
Vous en viendrez alors à voir les mots qu'il n'a pas mis et commencerez à interpréter pourquoi il ne les a pas mis. Tant et si bien que tel un détective privé plus efficace que Sherlock Holmes et son cher Watson réunis, vous aurez trouvé dans ces 5 petits mots et avec l'aide d'au moins 4 copines environ 27 interprétations possibles en plus de savoir maintenant qui a tué le Colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier. Bien évidement, les 27 interprétations vous auront fait passé par toute la palette d'émotion (colère, tristesse, déception, envie, joie, suspiçion...) et elles seront toutes erronées puisque le propriétaire n'entendait rien de plus que les 5 petits mots qu'il vous a envoyé sans penser à ce que vous pourriez y envisager.
 
Bref, tout ça pour dire qu'on est bien toutes les mêmes.Voici, au travers d'un exemple récent, un petit cours de psyché féminine à l'usage de mâle pas toujours soucieux de notre bien-être et dans l'ignorance complète de nos préoccupations plus ou moins futiles.
 
Il n'y a pas si longtemps, à la pendaison de crémaillère d'une amie, m'a été présenté un garçon charmant qui a fait battre les fichus petits papillons au creux de mon estomac... Une fois qu'ils sont réveillés, difficile de les rendormir! Ils sont tenaces et ne vous lâchent qu'une fois la situation totalement réglée (positivement ou négativement).

Bref, les petits papillons en action, j'ai commencé à sur-interpréter tout et n'importe quoi :
Exemple n°1 : J'ai supposé que l'attirance était réciproque, son regard était posé sur moi à chaque fois que je me tounais vers lui (quelques jours de sur-interprétation plus loin, je me demande s'il ne me regardait pas parce que je le regardais mais je n'arrive pas à y croire...), il cherchait le contact ou du moins le rapprochement de place (à moins que quelques jours de sur-interprétation de plus ne m'amène à penser que finalement c'était peu être moi... Mais pour le moment je suis encore sûre que c'était de son fait).
Exemple n°2 : Lorsqu'un des invités (légèrement lourd, puis légèrement aviné) a supposé que nous étions en couple, les fichus petits papillons sont devenus épileptiques si bien que j'ai passé la soirée à cacher qu'il me plaisait parce que quitte à ce que ce ne soit pas réciproque, je préférais amplement me prendre un rateau en privé (oui j'ai encore des expressions qui datent du collège mais elles ont au moins le mérite d'être claires).
Exemple n°3 : Lorsque l'invité lourd légèrement aviné à réitérer une tentative en fin de soirée, j'ai tourné les yeux vers l'objet d'attention des petits papillons déclenchant les rougeurs de l'intéressé, le sourire narquois du lourd et la multiplication de questions inutiles dans mon cerveau imbibé par la vodka. Tant et si bien que lorsque je suis partie me coucher j'ai espèré qu'il me rejoigne (sans succés, le canapé devait être confortable...) et j'ai regretté qu'il ne m'ait pas demandé mon numéro (mais dans mon esprit tordu, ce n'était pas parce qu'il n'était pas intéressé mais parce qu'il pouvait le demander à l'amie commune).
 
Le lendemain, les papillons n'étaient toujours pas calmés... Ils sont comme moi, une légère tendance insomniaque, du coup une fois réveillé, c'est la mort pour se rendormir (si vous saviez ce que je peux les détester quand ça se passe mal... même s'il faut bien avouer que la sensation est délicieuse lorsque tout se passe bien). Par contre, quand il dorme c'est une bombe atomique qu'il faut pour les réveiller (Tout double sens est complétement fortuit!).
Bref, j'ai rejoint deux copines (indépendantes de l'évenement A : c'est à dire non-présente à la soirée). Je leur ai parlé du jeune homme, détaillant par le menu ses jolis yeux gris, nos points communs et l'ensemble de mes réflexions sur le sujet au vue des tenants et des aboutissants de la situation, avantages et inconvénients d'une relation de couple incluse sur les 6 mois à venir (Réflexions qui m'avaient prises 20 minutes de RER, lecture de bouquin comprise, et qui était largement ouverte à amélioration et adaption en fonction du sujet d'étude...). Désolée, déformation professionnel... Tout ça pour conclure par : "De toute manière s'il se passe quelque chose, ça viendra de lui... J'ai pas envie d'une déception de plus!".
 
Tu parles Chrarles... Un rien affirmatif et entièrement faux puisqu'après deux jours à developper des dons télépathiques en fixant mon téléphone toutes les 17 secondes pour qu'ils sonnent, à envisager tous les scénarios d'une seconde rencontre possible, et à imaginer la façon dont il passerait la main dans mes cheveux pour un potentiel premier baiser, les papillons étaient devenus complètement hystériques et j'étais à bout de patience.
Bon, il est vrai, je dois bien l'avouer, que la patience n'a jamais été mon fort. Le temps d'établir un scénario plausible, une échappatoire et d'élaborer un plan B (soit environ 6 minutes!), j'ai demandé son numéro de téléphone à l'amie qui nous avait présenté. Par un simple texto très détaché (pour ne pas lui faire peur) mais signifiant clairement qui j'étais pour que l'erreur ne soit pas permise (texto bien évidemment préalablement validé par deux copines avant envoi), je l'ai invité à une soirée afin de ne pas le prendre en traitre s'il souhaitait étudier les options (ami ou amant) et de lui signifier clairement que je n'avais nullement l'intention de le violer (ou alors peut-être plus tard mais uniquement avec son consentement!) mais uniquement de mieux le connaître (ne serait-ce que pour faire taire ces fichus papillons hystériques!).
 
Résultat de l'opération : il n'a pas répondu et il n'est pas venu... Une personne saine d'esprit aurait compris qu'il n'était pas intéréssé et serait passée à autre chose. Mais c'était sans compter l'esprit tordu de votre conteuse d'histoire préférée (du moins je me plais à le penser alors merci de me laisser faire).

Non, je ne suis pas passée à autre chose (et je ne sais pas d'ailleurs si je l'ai encore fait...). J'ai d'abord essayé de prendre une cuite à la téquila pour combler le vide laissé par la déception. J'ai malheureusement une trop grande résistance à l'alcool. Une cuite me serait revenue bien trop chère... J'ai arrêté de boire beaucoup trop tôt, si bien que j'ai même pensé que je n'étais même pas capable de réussir une cuite (preuve incontestable que je n'avais pas assez bu!). L'avantage, c'est que sur un court laps de temps, la téquila a calmé les papillons (oui la téquila est ma réponse à tout... avec la Ben et Jerry's Cookie Dough) .
 
Mais lorsque quelques jours plus tard, l'amie commune m'a demandé comment s'était passé la soirée et que je lui ai expliqué le néant intersidérale de réponse de l'objet d'attention des papillons... Elle a dit, toute mimi qu'elle est, qu'elle ne comprenait pas : "on avait pourtant l'air d'avoir bien accroché" (ça moi je le sais! Mais lui, il en a conscience ??). Lorsqu'encore 2 jours plus tard elle m'a avoué que ses propres tentatives de contact étaient vaines, je me suis alors remise à espérer... et les papillons à battre des ailes.
Supposition n°A : Il a perdu son téléphone, il ne sait donc pas que je l'ai contacté
Supposition n°B : C'était un numéro inconnu, il a effacé sans regarder
Supposition n°C : Il a beaucoup trop de choses à faire en ce moment (mais il finira par appeler)
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Suposition n°Z : Un enlèvement extra-terrestre qui expliquerait le néant intersidérale de réponse détaillé plus haut...
 
Supposition réaliste : Il n'est pas intéressé... Allez donc donner un cours sur ce qui est réel ou ce qui ne l'est pas à des papillons épileptiques au fond de votre estomac, vous!
 
La morale de cette histoire : Heureux est celui qui arrive à ne pas sur-interpréter une situation qui n'a jamais eu lieu que dans sa tête à partir d'un texto qui n'a jamais trouvé de réponse!