Celui qui était une évidence

Bon soyons honnête : je suis fleur bleue. Je ne vous mentirai pas. J'ai été élevée avec des histoires de princes et de princesses. Je me suis gavée de comédies romantiques. Je connais par cœur les répliques des films Quand Harry Rencontre Sally (de loin le meilleur film de tous les temps), Bridget Jones ("je vous aime beaucoup telle que vous êtes") et Orgueil & Préjugés. Je ne lis quasiment que de la romance où des filles seules finissent invariablement par trouver le grand amour de leur vie, la plupart du temps sur un malentendu. Enfin, il m'arrive de regarder les téléfilms de l'après-midi (vous voyez de quoi je parle, ces téléfilms tout niaiseux et plein de bons sentiments sur lesquels vous zappez). Donc voilà, j'éprouve un grand plaisir à me délecter de ces histoires "à l'eau de rose" sans pour autant forcer personne à faire de même. J'ai cependant conscience que ce n'est pas la vraie vie, je ne crois pas au coup de foudre et j'ai l'intime conviction que l'amour ça se construit à deux, ça se renforce et ça s'entretient.

Jusqu'à il y a quelques mois, nourrie pendant toute ma vie de tous ces stéréotypes, qui j'en avais la certitude ne m'avaient pas atteint, j'étais persuadée de savoir ce que je devais ressentir lorsqu'on trouvait la bonne personne. Donc armée de mes stéréotypes, persuadée de me connaître suffisamment, percluse dans mon hypocrisie, je pensais savoir ce que j'attendais d'un homme et de la relation que je souhaitais construire avec lui. En voici une liste non exhaustive : l'humour, l'honnêteté, l'entièreté, la conversation, la passion, les fameux papillons dans le ventre et bien sûr une forme d'attirance physique. Lorsque j'arrivais à quelque chose proche de cette combinaison, j'essayais de voir ce que ça pouvait donner. Je fonçais alors tête baissée dans une relation, pour le moins voué à l'échec, persuadée que c'était ce dont j'avais envie. Venait alors l'attente, les questionnements, les moments d'angoisse dans l'attente d'un texto, la volonté constante de plaire, les efforts pour paraitre sous son meilleur jour en permanence, les moments calculés, la sur-interprétation des silences autant que des conversations et l'analyse requise des copines dans ces moments de sur-interprétation. En gros la partie séduction était épuisante moralement à cause des nombreuses prises de tête et l'angoisse de la rupture, si relation il y avait, prenait un certain temps à se dissiper. Mais j'étais persuadée en mon fort intérieur que la séduction et la romance c'était ça et ça m'apportait une certaine forme de bien-être malgré tout puisque j'étais persuadée que c'était ce que je voulais. Vous pouvez appeler ça du masochisme, j'en ai maintenant consciente.

Et puis IL est arrivé et il a fait voler toutes mes certitudes stéréotypées en éclat. Il est donc maintenant temps de vous parler de LUI, mon évidence. 

Je le connais depuis maintenant quelques années (le temps passe trop vite) par le biais d'un couple d'amis communs. La première fois que je l'ai rencontré, je l'ai trouvé très très séduisant, je l'ai toujours trouvé beau. Je vais encore une fois être honnête : il est beau. Puis il a ouvert la bouche... Je l'ai trouvé tout de suite moins séduisant, atteint d'une épuisante incontinence verbale (et c'est moi qui le dit), d'un arrogance à peine feinte et d'une volonté d'avoir le dernier mot... Il m'a clairement agacé. Les fois où l'on s'est croisés par la suite l'impression que j'avais de lui est restée la même et finalement je faisais avec sa présence plus qu'autre chose. 

Puis il y a quelque mois... IL a eu besoin que je l'héberge. Durant la soirée, on a discuté, je l'ai trouvé un peu plus posé, calme et finalement assez ouvert à la discussion. A cette époque, aucunement intéressée par sa personne et en pleine période de révision de concours, je n'avais fait clairement fait aucun effort (je parle d'effort physique : vêtements révélateurs et maquillage ou au moins anti-cernes). On s'est revu deux ou trois fois par la suite, toujours à son initiative, sans que je comprenne vraiment qu'il était intéressé à cause de plusieurs maladresses plutôt attendrissantes. Pour moi c'était un pote plutôt bavard avec qui je pouvais parler d'impressionnisme, d'astronomie ou encore fomenter des théories plus qu'abstraites sur la fin de Game of Thrones. J'appréciais de passer du temps avec lui mais sans en avoir besoin.
Puis il y a eu cette soirée où tout a basculé. La bizarrerie des conversations abordées, le rapprochement furtif et mutuel sur le canapé, la tentative de corruption à l'aide d'une paire de lunette... J'ai finalement rapidement compris qu'à la fin de cette soirée, on s'embrasserait et encore aujourd'hui je ne peux pas vous expliquer comment ni pourquoi c'est arrivé
Mais ce que j'ai ressenti lors de ce baiser m'a complètement fait revoir mes priorités. Malgré tout ses défauts (mais pas que) et nos nombreux points de désaccord, j'ai juste ressenti l'évidence de ce baiser, de cette relation. Ça devait être comme ça... Comme si au moment de ce baiser, une partie du puzzle de ma vie avait réussi à s'imbriquer tout seul alors que j'essayais d'y aller en force depuis des années. Sur ce baiser, j'ai compris que c'était LUI, c'était simple, c'était comme ça. Ça n'a pas été le meilleur des baisers mais je ne me suis pas pris la tête, je n'ai pas attendu après quoique ce soit, je n'ai pas essayé de paraitre ce que je n'étais pas, j'ai juste vécu ma vie.  Et ça a été reposant et épanouissant, j'ai compris que la séduction, la romance et les sentiments amoureux n'avaient en aucun cas à être angoissant, prise de tête ou travaillé.

Malheureusement, à peine quelques jours après ce baiser qui avait chamboulé ma vision des relations amoureuses, IL est revenu sur ce baiser. IL a préféré qu'on reste ami. Je vous rassure, je ne suis pas masochiste à ce point. Ça aurait été au-dessus de mes forces, nous ne sommes pas restés amis. Il n'a rien fait pour que ce soit le cas non plus et je ne sais pas si je le regrette ou pas. Avec le temps j'ai fini par me dire qu'il avait eu peur que ça marche, qu'il l'avait ressenti lui aussi mais il n'était clairement pas dans une période de sa vie où il souhaitait s'engager. J'avoue que, pour mon égo, j'ai préféré me dire ça plutôt que de penser que je n'étais pas assez jolie, intéressante, intelligente ou autres... Qu'un quelconque manque chez moi avait fini par lui faire regretter ce baiser. Ou qu'IL ait eu des exigences que je ne pouvais pas faire basculer.

Une chose est sûre, puisqu'à toute chose malheur est bon, je sais maintenant ce que j'attends d'une relation. J'attends l'évidence, la simplicité et je sais maintenant qu'elle arrive sans que je la provoque par de faux sentiments issus de stéréotypes à la noix... Reste à savoir si elle se représentera et avec qui. Prêt à me suivre dans l'aventure ?

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